mercredi 18 août 2010

Aventures Ghanéo-togolaises

Bonjour à tous,

Je reviens d’un deux semaines de vacances bien mérité à l’aventure dans les terres ghanéennes et togolaises. Deux semaines de miracles à l’Africaine : du chaos et une immense gentillesse de la part des habitants des communautés visitées.

En compagnie de ce bon vieux Mitch et de sa douce Nelly qui est au Ghana depuis quelques mois, ainsi que de tous les gens que j’ai pu rencontrer au fil des bords de route et des nombreuses rives sur lesquelles nous avons accosté, j’ai pu vivre des moments hors de l’ordinaire. Voici un peu le fil du grabuge :

1- Départ d’Accra le dimanche. Presque personne à la station de trotros (camionnettes transformées localement en minibus) sauf un crieur qui, armé de son mégaphone, arborant un sourire frisant la folie, appelle les différentes destinations des présents trotros d’une façon complètement mystérieuse. Parfois semblable à un appel à la prière, d’autre fois semblables à une chèvre en chaleur, et d’autre fois aussi sec qu’une queue de castor sur la corne d’un rhinocéros, on entend les destinations défiler : Ashaaaaaamaaaannn, aaaashaaaaoooooooo, Témaaaaaaaaaaaaa, téma, Laaaaaaaaapaz, Lapaaaaaazzzzzzzz……….

2- Arrivée en pirogue à l’auberge Manantial à Ada Foah… Cases rudimentaires en feuilles de palmier sur le bord de la mer, là où se jette le fleuve Volta, je connaissais déjà le coin mais ce fut un bonheur toujours d’y aller car il s’agit d’un lieu magnifique! Nous avons pu assister à une cérémonie de funérailles traditionnelles et avons manqué le grand festival qui commençait quelques jours plus tard! La pire bouffe que nous avons mangée…. Malheureusement, les eaux côtières ainsi que la plage sont inondés de déchets, en primeur de sachets de plastique noirs…… Nous nous baignons quand même car il fait chaud pendant la journée et le soleil plombe….

3- Arrivée à Kéta, après avoir traversé la Volta et longé une mangrove en bateau moteur, et après avoir parcouru plusieurs de dizaines de kilomètres sur une mince bande de sable entre la mer et la lagune de Kéta. Kéta est une ancienne ville coloniale dont une considérable partie à été engloutie par la mer qui a avalé le sable sur laquelle elle reposait. Heureusement qu’une digue de pierres gigantesques, financée par la Banque mondiale a été construite pour sauver la ville. Néanmoins, maintenant, elle ressemble plus à une ville fantôme, ses habitants sont peu nombreux et la plupart ont fui vers des terres plus stables. Le château Prinzenstein, construit par les Danois, ancien centre de transit d’esclaves, a été au trois quart bouffé par la mer. Une foule de bâtiments coloniaux en décrépitude ornent quand même la ville. J’ai pu constater pour la première fois de plein fouet la pratique où les communautés riveraines font leurs besoins directement sur le plage après avoir creusé un petit trou. C’est pratique car à chaque marée haute la mer provoque l’effet du tirage de chaîne, mais les désagréments pour les touristes sont assez évidents, surtout quand c’est fait devant soi après avoir tourné un coin de plage….

4- Nous partons en taxi à la frontière qui n’est pas trop loin. A quelques centaines de mètres nous traversons une route composée essentiellement de déchets….. Peu après, arrivée à la frontière. Du côté Ghanéen, pour sortir, tout va bien. Quelques papiers à remplir et un peu de patience. En rentrant au Togo, le grabuge commence… nous sommes attendus par un policier/videur qui bloque le passage de certaines personnes. Une foule de femmes commerçantes tente de rentrer et lui s’occupe de collecter des cadeaux de bien des femmes et en repousse d’autre violemment, et ce dans un corridor improvisé d’un mètre de large. On se demande si on va finalement passer. On essaie de nous dépasser à tout moment, et parfois avec succès. Une fois passés, on arrive devant un policier et son intermédiaire en civil. Il nous regarde et nous dit d’un air bête « Hmmm j’espère que vous avez vos visas ». Quand je répond « non, que l’ambassade nous a dit qu’on pouvait les obtenir sur place », il émet un long soupir qui en dit suffisamment pour qu’on sente un petit stress interne. Il nous annonce que le visa coûte 20 000 francs alors qu’on m’avait dit qu’il était de 10 000 francs…. Je lui dit que l’ambassade m’a dit que c’était 10 000. Il me répond sèchement, « je vais te renvoyer à l’ambassade moi tu vas voir ». Je ferme ma gueule bien sagement face à ce policier en plein power trip…. Une demi-heure passe avant que nos visas soient prêts et nous rentrons à Lomé. Son « assistant », visiblement un civil qui n’a rien à faire là, nous dit gentiment qu’il veut son pourboire parce qu’il nous a aidé à remplir les papiers… Nous lui laissons quelques Pesowas, pièces de monnaie ghanéennes. Après la frontière nous marchons sur le long d’une longue avenue bordée de palmiers sur le bord de la mer…. Fantastique. Je reconnais tout de suite le style de l’Afrique de l’Ouest francophone. Les gens sont encore plus gentils, la circulation est plus chaotique, les restos ont l’air meilleurs, il y a plus de poussière dans l’air….

5- Nous longeons la côte à la recherche d’un hôtel sur le bord de la mer, ce qui nous amène 45 km plus loin sur le bord de la côte dans une magnifique petite ville nommée Aného à 2 km de la frontière du Bénin. Nous nous retrouvons à dormir dans ce qui se révèle être une auberge familiale « de passe » sur le bord de la mer avec lumière bleue et porte cachée qui s’ouvre à l’arrière. Malgré tout, le personnel y est super sympathique, père, mère, fille et autres nous y servent avec bonheur. On nous y braise un thon blanc que nous avons choisi directement du filet des pêcheurs lorsqu’ils sont revenus de la mer. Le lendemain matin, je pars sur la plage, marcher dès les premières lueurs. Plusieurs gens sont réveillés et je vois les traces - une église, des vieux bâtiments délabrés - de ce qui fut à deux reprises la capitale coloniale du Togo. Sur le chemin je me fais inviter à une cérémonie vaudou puis à une expédition en mer sur des pirogues construites à partir d’un seul tronc géant. Ayant accepté positivement aux offres, nous vivrons des moments d’une folle intensité. La promenade en haute mer fut vraiment remplie d’émotions fortes, rappelant quelque peu un manège dans un parc d'amusement.

La cérémonie vaudou fut réellement puissante. Je n’ai jamais vu d’aussi grande cérémonie religieuse traditionnelle africaine. Un des féticheurs nous a pris sous son aile et nous avons participé à la cérémonie vêtus d’habits traditionnels et de colliers et bracelets grâce à lui. Sa protection s’est transformée en lourde hospitalité mystique quand il nous a emmenés dans son temple. Cérémonie de libations aux dieux suivie de calage de gin et de Guinness. Visite de différentes divinités du temple composé d’une dizaine de pièces dédiées aux sacrifices. Les divinités peintes ou représentées par des fétiches étaient pour la plupart entourées de serpents ou ornées d’armes multiples ou placées dans situations peu pacifiques. Le vaudou est encore très puissant à cet endroit et c’est assez fantastique de le découvrir sous cet angle carrément non touristique!

6- Retour à Lomé. Nous arrivons à Lomé en après-midi encore assommés par la cérémonie vaudou, mais soulagés d’être partis car on ne voulait pas nous laisser aller. On cherche un hôtel de la vitre de notre taxi, dépassé de toutes parts par des taxis-motos, et qu’est ce que nous voyons : l’hôtel Montréal. Charmés par le concept, nous n’avons pu y résister. Mais dès l’entrée, je me dis… encore un autre hôtel de passe, ou plus précisément de prostitution. De jolies péripatéticiennes y sont parquées sur la terrasse. Nelly et Mitch sont néanmoins toujours enchantés par l’idée, en quête sûrement d’un point de repère purement symbolique, donc nous décidons d’y rester. L’hôtel est entouré de bars et de dancings ultra bruyants et ma chambre, à l’étage, donne sur la rue. Je dis à mes compagnons que nous sortons cette nuit car je ne pourrai dormir avant les petites heures du matin à cause du bruit. Nous allons donc dans une boîte de nuit vers 22h en plein centre de Lomé, le Monte Cristo, qui n’a pas encore ouvert ses portes. Nous décidons alors de prendre une bière dans un nite club juste en face en attendant que la boîte s’ouvre. Dès l’entrée, l’éclairage multicolore sur fond sombre nous enivre. On entend une excellente pièce de piano jazz. Pensant qu’il s’agit d’un enregistrement, nous ne nous doutions pas qu’il y a aurait un excellent spectacle de jazz cette nuit là qui commençait avec un soliste au piano. Nous avons eu droit à un concert de jazz/latin hors pair, et avions la chance d’être à peu près les seuls clients. Nous sommes rentrés vers 2h AM et malheureusement la musique des bars environnant l’hôtel était encore plus tonitruante, ne laissant aucune possibilité à mon sommeil. J’ai donc facilement convaincu Mitch d’aller continuer la fête dans un des bars qui jouait du reggae et où une poignée de jeunes françaises s’abandonnaient à la danse rasta. Plusieurs personnes sont venues nous parler, dont une fille de joie libérienne à qui nous payâmes une bière après lui avoir expliqué que nous étions mariés et que ses services ne nous intéressaient pas. Vers 4h, on fermait le bar, et nous étions complètement saouls et j’ai écouté mon corps qui envoyait des signaux de nausée pour aller m’écraser à moitié mort dans mon lit après avoir vaguement vraiment salué Mitch et notre compagne de fortune. Ce qui est sûr, les gens aiment faire la fête à Lomé.

7- Départ pour Kpalimé, ville frontalière avec la Ghana. Jolie petite bourgade au pied d’une chaîne de montagnes. Durant le voyage en tro-tro, Deborah, une kpalimienne sympathique nous propose une auberge pour passer la nuit. Elle nous invite par ailleurs dans sa famille pour déguster un fufu ultra pimenté au lièvre fumé! Nous visitons une foire artisanale togolaise très intéressante avec ambiance de fête. Nous repérons à côté de l’hôtel un resto qui semble hors de l’ordinaire car nous étions presque en zone rurale. J’y vais le soir, seul, car je n’arrive pas à dormir tout de suite. J’y rencontre une famille super sympathique. Le resto/bistro, tenu par un togolais ayant pris des cours de gastronomie en France, est vraiment trop chouette et me transporte dans une atmosphère semi-africaine, semi-européenne. Un petit air de Jazz emplit la place d’une ambiance magnifique. Je me suis rapidement mis à socialiser avec le patron de la place qui est d’une extrême gentillesse. Nous discutons de gastronomie française, de culture et de politique dans un cadre absolument merveilleux. Sa fille, avec qui je joue une partie de cartes, vient d’arriver pour passer ses vacances après sa première année d’études à l’université Laval. Elle est très contente d’entendre mon accent. Le lendemain matin, je n’ai pas fait aucun effort pour convaincre Mitch et Nelly de venir essayer les crêpes jambons-fromage avec sauce béchamel, ainsi que le café togolais, qui se révélèrent tous exquis sauf que le café était trop puissant qui nous a électrifiés pendant une bonne heure.

8- Traversée de la frontière. Départ de Kpalimé en après-midi. Nous embarquons dans un tro-tro qui nous fait passer la frontière au travers d’un col par une route panoramique de jungle montagneuse. Le reste des passagers du trotro nous attendent pendant 30 minutes parce que nous avons des passeports (les habitants des pays de la CEDEAO, Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest, n’ont pas besoin de passeports pour traverser la frontière) et qu’on nous fait remplir des papiers que l’apprentie douanière ne comprend pas parfaitement encore. Arrivée à Hohoé au Ghana un peu avant le coucher du soleil. Myriam, amie québécoise de Nelly qui vient de terminer un stage au Ghana, nous y attend pour passer deux jours.

9- Visite des chutes de Wli et des cavernes de Likpe Totome. Premier jour, nous explorons au somment d’une montagne en pleine forêt tropicale humide des grottes infestées de chauves-souris qui ont déjà servi de cachette au peuple Gblan, qui s’y était réfugié en temps de guerre. Le lendemain, nous suivons un joli sentier dans la jungle vers les plus hautes chutes d’Afrique de l’Ouest, les chutes Wli. Un véritable coin de paradis.


10- Nous partons vers N’Kwanta. A partir de Hohoé, les routes ne sont plus asphaltées et les trajets sont vraiment longs et pénibles. La route de 150 km vers Nkwanta dans le nord de la Volta Region nous prend quelques 4 heures à parcourir en trotro. A N’kwanta, rien de spécial, nous nous préparons rapidement pour quitter le lendemain vers Dambaï, sur le bord du la Volta. Le trotro prend 3 heures avant de se remplir et le trajet dure 3 heures pour seulement quelques 70 km.

11- Arrivée à Dambaï. La route qui mène à Dambaï traverse le village et mène directement au vieux ferry qui traverse le lac Volta à cet endroit. La vue que nous avons eue en sortant du trotro était réellement magnifique. Nous avons découvert un repère de pirates (probablement aussi une auberge de passe) dans lequel nous nous sommes arrêtés pour boire une bière et regarder un film de mousquetaires, au grand bonheur de Mitch. Le deuxième étage qui offrait une terrasse et une vue probablement imprenable sur lac était carrément défoncé, à mon grand malheur. En sortant, une bande d’enseignants, dont deux qui enseignent le français nous ont interceptés, surpris de voir des blancs s’arrêter dans leur village, nous ont montré la meilleure auberge du village, nous ont présenté au commandant de la police, nous ont amené manger du fufu de tarot à la sauce arachide et gingembre accompagné de ragout de chèvre, nous ont fortement suggéré de leur payer de la bière pour qu’ils procèdent à des libations à leurs ancêtres pour bénir notre voyage, m’ont entraîné dans de fausse funérailles, et plus encore. Ils étaient très gentils, presque trop même! Ce fut une très belle journée.

12- Le lendemain, grande journée de voyage hors des sentiers battus. Un premier bateau collectif de fabrication locale contenant 75 personnes et maintes marchandises nous a amenés en longeant la côte de Dambaï à N’Jari, petit village côtier où avait lieu le jour du marché. La traversée s’est faite au son de chants Ewe et de prières dirigées par un pasteur qui voyageait avec nous. A N’Jari, j’ai fait goûter à Mitch la bière de mil. J’y ai aussi essayé le jeu de la roulette version villageoise et j’ai perdu 50 cents. Nous avons trouvé un autre bateau moteur, cette fois-ci beaucoup plus petit (10 passagers au grand maximum), à N’Jari pour aller à Ktari de l’autre coté du lac qui en fait ressemblait plus à ce niveau à un fleuve. La traversée qui dura presque deux heures consistait surtout à passer entre les troncs morts des arbres qui ont été inondés il y a de cela plusieurs décennies lors de la construction du barrage d’Akosombo qui transforma le fleuve Volta en lac Volta. Dans le minuscule village de Ktari où nous posons notre premier pas dans la Northern region du Ghana, nous nous sommes arrêtés afin de manger un repas étonnement fastueux et délicieux: Banku (pâte de maïs et manioc fermentée), Kenkey (pâte de maïs fermentée bouillie dans des feuilles de maïs), sauce graine (cuisinée à partir des graines de palmiste pilées), 2 tilapias chacun, sauce gombo, sauce piment. Le tout servi sur la seule table du seul « restaurant » du village. A Ktari, pas de moyens de transports collectifs pour se rendre plus loin. Ici, aucun trotro ne vient si ce n’est qu’une fois par semaine le jour du marché. On nous dit cependant qu’on peut engager des propriétaires de moto pour nous amener au prochain village où on peut trouver un trotro. A la fin du repas, trois motocyclistes nous attendaient pour faire la traversée. Mitch qui n’aime pas trop la moto, n’appréhendait pas trop bien l’expérience. Nous n’avons pas eu un très bon prix des motocyclistes car nous étions un peu mal pris… Peu après le départ, le conducteur de la moto où Mitch était assis a fait un accident alors qu’ils allaient à une vitesse raisonnablement élevée (alors que je leur avais dit de rouler lentement). Heureusement pour Mitch, ses blessures furent légères. Peu après, la pluie a commencé à nous fouetter correctement et nous nous sommes réfugiés dans une ferme au milieu de nulle part où, évidemment, des enfants sont sortis de toutes les directions pour venir nous observer et nous souhaiter la bienvenue comme c’est souvent le cas en Afrique. Cette route n’avait jamais vu de blancs depuis plusieurs années. Le soleil revenu, c’est moi qui ai pris le volant de la moto qui conduisait Mitch car le chauffeur avait la main réellement blessée.

Nous sommes arrivés deux heures après notre départ à Kpandaï. Il était 15h et tous les véhicules pour Salaga, notre destination finale pour la journée, avaient déjà quitté le village. Je me suis donc mis en quête d’un véhicule. Le chef local du syndicat des transporteurs nous a donc référé à un propriétaire de véhicule local avec qui Nelly et moi avons marchandé. Nous avons emprunté le véhicule en question pour une route de 50 km qui prit 3 heures encore à parcourir. A chaque quart d’heure, l’apprenti venait prendre dans cage où nous étions assis le bidon d'eau pour remplir le carburateur surement percé. Le véhicule, qui avait au moins trente ans, était en très piteux état. Il a néanmoins réussi à traverser quelques 5 lacs formés à cause des pluies récentes. Nous avons néanmoins dû descendre pour le pousser à deux reprises. L’arrière du pick-up, où nous étions assis, était constitué de barres de fer servant de structure, de telle manière que les gens sur la route nous voyaient clairement, et d’un toit assez bas qui nous forçait à rester assis au fond du véhicule. Chaque village que nous passions était l’occasion pour les enfants de crier après nous fortement et aux adultes de nous saluer des bras. Ici, les blancs ne viennent pas et les enfants nous appellent « Father », car les seuls caucasiens à venir devaient être des missionnaires des temps de la colonie. De village en village on remarque que les habitations changent de forme. Le style « case longue » du sud du Ghana laisse place aux concessions de maisons longues de style dagari pour ensuite laisser place aux cases rondes de la savane placées en rond et fermées par des murs pour délimiter les concessions familiales. On reconnait ces différents types d’habitations aux différents groupes ethniques de la région Ewes, Mawulis, Gonjas, Dagombas, Kotokalis, etc. Nous arrivons à Salaga à la tombée du jour et le chauffeur nous fait une crise lorsque nous venons pour lui donner l’argent que nous lui devons. Là un drame s’installe. Comme nous le faisons partout dans les zones reculées du Ghana, nous utilisons l’ancienne monnaie pour donner les chiffres et nous avons clairement proposé 250 000 anciens cedis, ce qui revient à 20$ pour le trajet alors que le propriétaire du véhicule s’attendait lui à recevoir 250 nouveaux cedis, ce qui revient à 200$, montant que l’on ne pouvait se permettre, et qui constituait en soi une réelle arnaque. Nous avons parlementé, discuté, expliqué notre situation au chauffeur et aux citoyens de Salaga qui venaient s’enquérir du problème avec des blancs dans leur communauté. Après une première ronde de discussions, j’ai calculé à peu près combien notre ami gagnait avec une course normale sur le même trajet aller-retour, j’ai ajouté 50% pour qu’il ferme sa gueule, et ça donnait 100 nouveaux cedis. Mais là il refusait toujours, et continuait sa crise. Une heure plus tard, un groupe de vieilles femmes et d’autres hommes se sont mis à engueuler sérieusement le chauffeur comme quoi il y avait des limites à nous arnaquer et il a été obligé d’accepter notre offre. Nous étions un peu à bout de nerfs et ce fut un bon soulagement pour nous. La scène par ailleurs se déroulait exactement sur un ancien marché d’esclaves où les peuples du Nord venaient vendre des esclaves au Ashantis qui venaient du Sud pour les acheter et les revendre aux européens sur la côte, à au moins un mois de marche de distance, sinon deux.

Le lendemain, départ pour Tamale, capitale du Nord, dernière étape avant mon retour à Accra. J’y ai laissé Nelly et Mitch qui allaient visiter le Mole National Park. Mes deux amis ont développé une sérieuse diarrhée et ont du retarder leur départ. Douze heures de trajet de nuit dans un autobus bondé, coincé, mais climatisé…. et je fus de retour à Accra!