lundi 3 mai 2010

Les funérailles au Ghana

Parmi les éléments culturels typiques les plus frappants des Ghanéens, il y a les funérailles. La mort d’un parent n’est pas affaire de rien au Ghana. Une cérémonie funéraire doit comprendre plusieurs invités afin honorer adéquatement le départ du défunt. Une famille peut s’endetter sérieusement afin d’offrir une cérémonie grandiose pour le défunt. Presque tous les week-ends depuis notre arrivée au Ghana en novembre, nous avons aperçu des funérailles dans les quartiers des villes et dans les villages. La cérémonie des funérailles se passe surtout à l’extérieur, sous des tentes louées à cette fin et regroupe des centaines de gens. Si la personne décédée avait atteint un âge vénérable, les tons et l’habillement de l’évènement sont le noir et le blanc. Si la personne meurt avant cet âge, alors le rouge et le noir sont de rigueur. La plupart des cérémonies de funérailles que j’ai observées se déroulaient de façon assez calme et sereine. Mais je n’ai jamais eu l’occasion d’y participer activement avant ce week-end. Je suis allé dans le village d’Otuam que j’avais précédemment visité, et j’y ai trouvé une intense cérémonie de funérailles où j’ai été intégré de force, puisqu’elle bloquait la route principale du village. J’ai été très surpris, et surtout extrêmement touché, car la personne décédée était une jeune fille de vingt ans, enceinte de deux mois. La cause n’a pas été identifiée, malgré que la fille ait été transportée à l’hôpital de la ville la plus proche. Selon les habitants d’Otuam, il ne fait aucun doute que la fille est morte par cause de sorcellerie. Par ailleurs, son ex-copain qui lui avait fait des menaces lors de leur séparation est le premier suspect. J’ai vu maintes personnes crier et pleurer à chaudes larmes. Mais, étrangement, après l’enterrement du corps placé dans un joli cercueil, des groupes de personnes se sont mis à danser et à rire, alors que d’autres pleuraient juste à côté, tous habillés de rouge et noir, dansant au son de la musique soufflant des gigantesques haut-parleurs… (le Ghana est aussi le pays des hauts parleurs, toute fête ou cérémonie chez eux doit être accompagnée d’une musique dansante très forte, et les ghanéens fabriquent des haut-parleurs d’une assez bonne qualité. L’industrie de la location de systèmes de son et de services de DJs y est très florissante). C’était un peu éprouvant pour moi, car plusieurs personnes me regardaient d’un air bizarre en se demandant ce que je faisais là. D’autres me harcelaient pour que je les prenne en photos. Je ne peux compter non plus le nombre de fois qu’on m’a demandé un cedi. Une autre personne, beaucoup plus posée, m’a demandé de les aider pour le développement de leur village. Des habitants m’ont aussi invité chez eux. Parfois, j’ai accepté, d’autres fois non. Le photographe de l’événement, Mr. Edu, par solidarité d’outillage, est devenu mon ami et m’a expliqué plusieurs choses, ce fut fort intéressant, je lui dois une fière chandelle. Ce dernier me raconte une anecdote intéressante. Le Ghana, au fil des ans, a eu de nombreux contacts avec les explorateurs et commerçants hollandais qui se sont installés sur la côte. J'ai par ailleurs dormi à Apam dans un fort hollandais du 17em siècle en très piteux état vendredi soir. Ils y ont installé quelques chambres ultra rudimentaires à louer à l'étage. Il faisait un peu trop chaud dans la chambre alors j'ai sorti le matelas dehors et j'ai dormi a côté des remparts qui surplombaient la mer, rafraichi par le vent bourrant mes poumons d'air iodé. Trêve de digression, C'est une tradition maintenant bien établie au Ghana de servir du schnapps hollandais. Mr. Edu me dit qu'il n'a jamais goûté à cette eau-de-vie car dans sa communauté le schnapps n'est qu'utilisé que pour les libations aux divinités traditionnelles, comme ce fut le cas lors des funérailles où christianisme et religions africaines coexistent harmonieusement. Sinon, une des traditions liées aux funérailles consiste en la fabrication de cercueils en forme d'animaux, de structures ou d'objets reliés à la personne défunte. On peut deviner que le suivant servira sûrement à un pêcheur:

2 commentaires:

emmanuelle garant a dit…

Bonjour Monsieur,

Tout d'abord, je tenais à vous féliciter pour votre blogue. Lire vos réflexions et vos interrogations sur ce continent me remémorent de précieux souvenirs. Dans un autre ordre d'idées, je lisais votre article sur Otuam où vous y décriviez la brève rencontre avec 8 canadiennes venues en échange. J'étais l'une d'elles. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de faire votre connaissance mais je profite du passage sur votre blogue pour vous exposer mes interrogations. J'aimerais savoir qu'est-ce qui vous a amené au Ghana et quels sont les principales fonctions de votre travail au pays ? Oeuvrez-vous pour un ONG ? et combien de temps croyez-vous y rester? je m'excuse à l'avance si vous avez déjà répondu dans vos articles, je n'ai pas pu tous les lire.

En vous souhaitant une bonne "continuite" de séjour en terre africaine,

merci,

Emmanuelle Garant
garant70@hotmail.com

J.Leblanc a dit…

Bonjour Emmanuelle.

En effet, il y avait une ou deux des stagiaires que je n'avais pas eu le temps de rencontrer. Mais les autres m'avaient parlé de toi, la "girl from Québec!".

Je suis un conseiller technique en développement de programme parti pour un an avec le programme Uniterra au Ghana en partenariat avec l'ONG Pamoja Ghana qui travaille beaucoup en renforcement des capacités des organisations communautaires dans les zones défavorisées et en alphabétisation.

Pour te donner quelques exemples, j'ai aidé beaucoup l'organisation en matière de communications, par exemple, j'ai créé un site web pour eux qu'ils pourront mettre à jour aisément (www.pamojaghana.org). Je les ai aidés à faire une "baseline study", un étude de besoins et une base de données concernant leurs membres qui sont disséminés partout au Ghana. J'ai supervisé l'écriture et la conception d'un projet pour la participation des femmes dans le processus de gouvernance locale qui a été déposé à l'Unité d'Appui à la Coopération Canadienne à Accra, projet qui a bien reçu et dont un appui financier important a été accordé. Enfin, je pars donner des formations en conception de projets d'ici deux semaines pendant un mois chez divers membres de Pamoja surtout dans la Northern Region.

Mais toute bonne chose a une fin, je repars au Canada dans un peu plus de deux mois!

J'espère que ton stage à Otuam s'est bien passé, quel magnifique tranquille petit village de pêcheurs!

Jérôme