mercredi 19 mai 2010

Temps et développement

Porteuse de mille calebassées d'idées et de déceptions, l'Afrique a tant de portes à ouvrir et de potentialités à découvrir. Et pourtant, quand on entrouvre une de ses portes, on casse toujours un ou deux canaris derrière, porteurs d'une grande et noble sagesse communautaire. D'un œil aveugles, nous ne fixons notre gaillardise pleine de novaction que sur les portes. Des jours de ténébreuse illumination, je m'étudie et me trouve plus destructeur dans ma révolution, comme un étranger indigne qui n'a pas su se contenter de marcher sur l'allée dallée millénaire qui l'accueille. Pourtant, on me félicite et m'encourage à filer; à qui me fier, ma conscience ou celles des autres qui ne s'accordent même pas mais qui font tout pour le faire. Ici, les gens n'aiment pas la violence et le choc. On dirait que tout doit se faire avec une lenteur invivable, car la nouvelle pensée ne se matérialisera pas le temps d'une existence. Et pourtant, je dirais qu'ici plus qu'ailleurs on croit au temps. Que celui-ci fera à l'affaire. S'attaquer aux dossiers environnants nous fait oublier les nôtres qui nous semblent moins désopilants. Et pourtant, tous les matins, au moment le plus doux, avant que la lumière ne devienne feu, lorsque je sors déplier mon corps et tendre l'ouïe à la banlieue ghanéenne débrouillant promptement les brumes de la nuit, on me tend à chaque coin de route, balai à la main, collet pendu d'une cravate, ou fournée de pain sur la tête, un beau sourire d'un air bienveillant et sincère.

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