jeudi 11 février 2010

Transes protestantes

C'est vers 1h30 du matin à Accra, pas trop loin du Arts Center, en sortant avec Destin Jah Bushman d'un joyeux et très joli bar de rasta encastré dans la falaise sur le bord de la mer, l'endroit évidemment enrobé d'une fumée verte appropriée, que je vis une chose tout à fait hors de l'ordinaire. Plusieurs milliers de fidèles protestants, débordant d'une église manifestement trop petite pour la cérémonie qui se déroulait sous nos yeux, entourée d'écrans géants montrant les pasteurs au centre de la scène, vivaient une danse/transe profonde. L'atmosphère rappelant d'une manière les "raves" de chez nous, des colonnes de sons crachaient des prières amplifiées avec un maximum de distorsion et de réverbération de telle manière qu'on ne puisse rien y saisir d'intelligible. Des croyants par milliers tremblaient aux vibrations tonitruantes d'un rythme très rapide rappelant le style "gabber" européen. Certains levaient leurs bras machinalement, d'autres faisaient trembler leur partenaires, tout un chacun avait sa propre figure d'expression, mais toujours carrément hors de l'ordinaire, et laissez-moi vous dire que j'en ai vu de toutes les couleurs. Le cadre qui s'offrait à mes yeux ne pouvait se situer dans une Afrique traditionnelle mais me faisait plutôt à un film de science-fiction africaine. Tous les gens y étaient habillés bien chics et des voitures luxueuses se plaçaient à l'entrée. J'ai eu peur à un certain moment quand plusieurs ont remarqué ma présence car, évidemment j'étais le seul blanc dans cette multitude, et je sentait que les la foule n'avait plus tout à fait son esprit et que tout pouvait arriver. Heureusement, après ce qui m'a paru une heure sans pause, le "son" a été arrêté, et un pasteur est venu lancer des messages d'amour et de paix à tous. Les adorateurs ont crié leur joie de vivre, et j'ai pu ensuite poser des questions à mon voisins pour savoir qu'est ce qu'il se passait. Parait-il que tous les week-end, des gens de toutes appartenances protestantes viennent ici toute la nuit pour y vivre la transe profonde émanant d'une foi manifeste et très vivante. Destin m'attendait patiemment, lui aussi profondément troublé par cette scène, mais ne désirant pas du tout y assister.

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