mardi 13 avril 2010

Boti Falls

Je suis allé dimanche au Boti Falls, proche de Koforidua en compagnie de Christelle, ma nièce, comme je la présente à tout un chacun. Mais plusieurs Ghanéens éprouvent de la difficulté à croire notre lien de parenté vu le contraste manifeste en termes de pigmentation qui nous différencie. Je dois aller expliquer que Christelle est la nièce de mon épouse. Certains l'appellent de premier abord madame, pensant qu'elle est ma femme. Je vous avoue que ça me mets mal à l'aise puisqu'elle a 15 ans. Elle aussi n'apprécie pas. Si j'ai bien compris, un homme ne part pas avec sa fille pour visiter un lieu touristique... et encore moins avec sa nièce.... La différence d'âge en Afrique, surtout en milieu rural, n'est pas rare entre un homme et sa femme. Qui plus est, plusieurs "vieux blancs" sont venus gâter le terrain en se tapant de très jeunes filles, phénomène que j'ai pu observer à de nombreuses reprises en Afrique de l'Ouest. Ceux-ci ne se gênent pas de s'afficher en public, dans les restaurants, sur la rue, dans les hôtels etc. Peu importe, on s'en fout, nous y sommes allés car Rosalie, que j'avais premièrement invitée, ne voulait pas tenter l'aventure (4 heures aller-retour de moto en route montagneuse), et je sais que Christelle aime visiter le pays. Les Boti Falls sont deux chutes d'eau hautes de 30 mètres qui tombent gracieusement dans un étang entouré d'une immense falaise stratifiée donnant l'impression d'être dans l'ouverture d'une immense caverne. Le lieu est vraiment magnifique et vaut le déplacement. J'ai cru un instant que nommant les chutes Boti, on avait voulu faire un jeu de mot en anglais ghanéen (dont l'accent est très fort et qui laisse entendre couramment des hallucinations auditives): Boti falls : beautyful. Mais nom, le village près des chutes s'appelle effectivement Boti!

mercredi 7 avril 2010

Plaidoyer pour repenser la planète – un coopérant s’exprime

Même si on nous montre telle ou telle avancée dans le domaine du développement de notre chère planète - du « progrès », technologique, social, scientifique ou économique - la société humaine reste toujours largement déficiente, acéphale et sans projet réellement sensé et réfléchit. Nous n’avons toujours pas su nous engager vers ce qui constituerait le développement d’un mode de régulation de la société à l’échelle du globe, et les réticences actuelles envers un tel projet me font vivre de régulières vagues de pessimisme. Les manifestations actuelles de notre inachèvement sociétal - les guerres, les atrocités, les injustices et les aberrations morales - se répètent et se multiplient à un rythme qui me rappelle vaguement celui de la croissance de notre présence sur terre. Malgré l’imprécision de ce propos, il me fait néanmoins peur. Comment se fait-il que nous soyons allés si loin dans la maîtrise de notre environnement et que nous ne soyons pas arrivés à nous comprendre nous-mêmes, à prendre en main notre inéluctable nature sociale, souvent chancelante, d’une complexité immense, à l’image de la nature elle-même, mais tellement riche en idées et en espoirs? Notre capacité d’être conscients, qui nous différencie du reste du règne animal, nous offre le potentiel d’atteindre cela. Le défi semble d’une difficulté extrême vu l’état actuel de notre monde, mais la récompense me paraît si noble qu’il en vaut l’effort. Au-delà de ce qui reste à repenser et refaire des idéaux économiques égocentriques qui dominent encore mon pays, j’ai décidé de donner mon cœur et mon âme ailleurs, là où l’inégalité m’apparaît la plus frappante. Le séjour dans un pays du Sud ouvre de nouvelles portes et élève la conscience. Lorsque l’on prend le temps de s’imprégner de toute la richesse culturelle des sociétés au Sud, on s’étonne combien ces sociétés sont complexes, et je donne comme exemple la diversité des codes sociaux interpersonnels qui varient d’un peuple à l’autre, mais dont l’agencement est toujours subtil, pratique et profond. Cependant, une fois démystifiées les parures culturelles d’un peuple, on comprend que l’être n’est rien d’autre que lui-même d’un continent à l’autre, et qu’il partage les mêmes gammes d’émotions, et ressent surtout la même envie de vivre ensemble, au moins au niveau local. Pourquoi ce désir, cette nécessité, ne s’est pas élevée à un niveau universel alors qu’il a atteint cependant, dans bien des cas, et à différents degrés, le stade du pays-nation depuis plusieurs centaines d’années? Il reste un immense travail à abattre pour atteindre ce stade et c’est dans ce but que je souhaite œuvrer. Nous pouvons combattre les changements climatiques qui nous menacent de près et qui commencent à nous terroriser trop tard, mais aucun avenir pour l’humanité n’est pensable sans une entente mondiale préalable. Les récentes tentatives pour contrer le réchauffement de la planète montrent clairement cela. Nous réalisons tous que la mondialisation lie les devenirs de nos sociétés de façon de plus en plus étroite, et le repli sur soi qui découle parfois de ce constat n’est souvent qu’une marque de faiblesse, d’égoïsme ou de pessimisme. C’est lorsque nous aurons bien compris nos points en communs, nos spécificités et nos divergences que nous pourrons bâtir une union réelle et durable, réalisant pleinement le potentiel social qui est en nous. Les critiques du développement et de la coopération internationale ont fusé, et souvent avec raison. Par malheur, cela porta ombrages aux réussites et aux échanges localisés qui, dans le même domaine, ont permis de faire naître la prise de conscience, l’entente, l’espoir et la réalisation de projet déterminants. Au-delà de la multitude d’investissements enrobant bien des « coopérations unilatérales », je crois dans l’œuvre de milliers d’individus qui partent du Nord vers le Sud échanger leur connaissance et leur culture avec des communautés du Sud. Avec l’apport de coopérants, des milliers de projets au Sud ont pu prendre vie. Maintes communautés ont pu éviter des décès dus à des maladies gastro-intestinales en ayant accès à de l’eau potable provenant de forages. Des milliers de groupes de femmes rurales ont trouvé de nouveaux emplois, apportant un appui matériel certain à leurs ménages, et vivifiant leur confiance personnelle en tant qu’acteurs de leurs communautés. Des populations rurales entières ont pu améliorer leurs techniques agricoles afin d’obtenir des rendements céréaliers de plus en plus grands, participant à assurer la sécurité alimentaire de leurs communautés. Loin du tourisme ou du voyage, où la plupart veulent transposer leur chez-soi social ou matériel dans un cadre exotique charmeur, et souvent grossièrement folklorisé, le parcours du simple coopérant, qui croit dans sa mission d’échange, lui permet de prendre le temps de donner et de recevoir réellement. Dans cette dynamique, comme dans bien d’autres, c’est généralement en donnant le maximum que l’on reçoit le plus, la gratitude étant un fait social, non pas systématique, mais néanmoins universel. J’ai pu constater une simple chose lors de mes séjours en Afrique de l’Ouest. Quand un être humain d’une culture différente apprend que l’on pense à lui et qu’on agit réellement pour lui, que l’on tente sincèrement de le comprendre, il l’apprécie. En conséquence, comme par rebond, on sent que sa conscience de notre identité et de notre culture s’élève elle-aussi, balayant les préjugés, symptômes de la méconnaissance des peuples. Ceci est un simple mais réel exemple de la conscience sociale, telle que normalement pratiquée au niveau local, élevée au niveau planétaire. Enfin, malgré ce que je viens de dire, et ce que m’apprête à affirmer, je ne crois pas du tout que les coopérants volontaires internationaux qui interviennent sur le terrain avec intégrité à leur mission humanitaire constituent le levier décisif vers une société mondiale meilleure, unifiée. Toutefois, je crois qu’ils préparent le terrain à des échanges culturels, sociaux, économiques et politiques d’un degré beaucoup plus élevé entre les peuples. J’affirme que le dépassement de notre intérêt national actuel constitue le point de départ du changement. Il est grand temps que le l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud visent une plus grande entente, et cela est impossible sans réduire massivement les injustices, l’incompréhension et l’égoïsme. Il est de notre devoir, pour la survie de notre espèce et de notre environnement, d’œuvrer à l’inclusion de tous dans le développement d’un réel projet politique porteur de continuité à très long terme. Le stade de la nation limitée au niveau des pays, construits sur des frontières d’une ère coloniale ou impérialiste qui n’ont plus leur raison d’être, comme point de départ pour l’identité, la compétition, l'anarchie sur la scène politique internationale, et en bout de ligne l’autodestruction, doit être dépassé. Soyons ambitieux. Nous devons, dès maintenant - et nous avons les moyens techniques et technologiques pour le faire - élever nos consciences pour construire le « vivre ensemble » universel, la société mondiale, la nation planétaire!

jeudi 18 mars 2010

Chefferie et décentralisation, proposition d'un article à lire

Pour votre plaisir intellectuel, Voici un article très intéressant écrit par un diplomate français sur la chefferie traditionnelle au Ghana, qui est encore très présente et influente malgré une déviation historique de son rôle traditionnel, et les institutions décentralisées du gouvernement ghanéen. Ces deux acteurs entrent en compétition dans l'exercice du pouvoir créant une dynamique particulière où le pouvoir traditionnel, formellement amoindri, reste toujours plus populaire. Les chefferies dans les autres pays africains que j'ai visités ne sont pas aussi bien représentées ou mises en valeur, et pourtant le Ghana affiche des indices de "modernité" un peu plus élevés. Tradition et modernité se retrouvent dès lors intégrés dans une dynamique politique aux fondements contradictoires, mais en même temps, on sait bien que la contradiction est un phénomène universel, surtout dans la sphère du politique! http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=AFCO_221_0055

mercredi 17 mars 2010

Des frontières coloniales

Un commentaire à propos d'un sujet dont vous avez peut-être déjà entendu parler : les frontières en Afrique. Depuis la période des indépendances, maints petits et grands conflits en Afrique ont lieu dans les zones frontalières où se jouxtent les pays du continent de nos premiers ancêtres. La nature même de ces actions belliqueuses trouve parfois ses sources dans la façon dont ces frontières ont été tracées. Au temps de la colonisation, après les échecs de la conférence de Berlin en 1884-1885 où les puissances européennes tentaient de s'entendre sur les règles de partage de l'Afrique, les frontières de l'Afrique actuelle commencent à se dessiner. Évidemment, au nom de la civilisation occidentale, conformément à la pensée colonialiste, les intérêts des populations indigènes ne furent pas pris en compte dans ce tracé. Des centaines de grandes zones culturelles, d'empires et de royaumes africains furent coupés en deux ou plusieurs parties. La politique anglaise de diviser pour régner fut largement appliquée, plus ou moins consciemment, et pas seulement par les Britanniques. En fait, il s’agissait davantage d'une division économique des territoires en fonction du rapport de force des puissances de l'époque. Il en ressort que maintes frontières en Afrique ont divisé des peuples au point où ceux-ci se trouvent répartis en différentes zones géopolitiques. Les Gourmantchés de Fada N'Gourma, là où je travaillais lors de mon dernier mandat au Burkina Faso, sont majoritairement basés autour de ladite ville. Mais ils sont aussi présents depuis plusieurs siècles au Ghana, au Togo, au Bénin et au Niger. Je les ai vus moi-même au cours de ma récente tournée dans la Northern Region, et j'ai posé maintes questions à leurs vieux sages. Au Ghana, ils ont pris le nom de Bimobas, mais ils parlent pratiquement le même langage et partagent la même culture lorsque vient le temps de célébrer funérailles, engagements ou mariages. Dans la recherche terrain que j’ai réalisée tout récemment, qui consistait en une étude de besoins et de capacités sur les ONG et associations membres de Pamoja, j’ai suivi un itinéraire longeant le Nord de la frontière togolaise et plusieurs points de la frontière burkinabée. J’ai constaté que ces frontières divisaient systématiquement les peuples frontaliers. Parmi les peuples du Ghana, les Ewe sont aussi au Togo, les Dagaras, les Mossis, les Gurunsis, les Gourmantchés sont aussi (et surtout) au Burkina. Mais là où je crois que le bat blesse, c’est que d’autres groupes ethniques se sont trouvés au centre de la division politique appliquée par les puissances coloniales, et en ont dès lors bénéficié plus que les autres. Par exemple, le groupe ethnique Akan (dont font partie les Ashantis) au Ghana, majoritaire parce que moins découpé par les frontières, semble connaître des avantages certains en matière de développement et en termes de pouvoir politique. Le même phénomène peut être aperçu au Burkina Faso dans le cas des Mossis, et au Mali dans le cas des Bambaras. Ce casse-tête producteur d’inégalités peut servir de terreau fertile pour la mauvaise graine. Dans ces trois pays où j’ai eu la chance de prendre le temps de saisir quelques éléments majeurs de la situation culturelle-politique, les ethnies minoritaires entretiennent parfois un discours revendicateur et aigri à l’encontre de l’ethnie majoritaire, sans toutefois déborder en conflit armés importants, ces pays se caractérisant par une certaine stabilité politique. Des dirigeants, armés de discours tribalistes peuvent puiser dans un tel héritage laissé par les Européens des raisons dont la légitimité peut être défendue facilement lorsqu’elles sont exposées à des populations ethniquement défavorisées. De fortes émancipations des groupes ethniques minoritaires, des politiques nationales intégratrices décentralisées, des idéaux nationalistes peuvent toutefois diminuer les chances d’apparition de « guerres tribales ». Ce qui est sûr, bien des Africains ont appris à leurs dépends les malheurs de ces guerres entre groupes culturels qui parfois cachent des fondements économiques encore plus importants, et dont trop personnes innocentes ont connu les atrocités. Au Burkina, on m’a dit maintes fois que même s’il y avait telle ou telle injustice de dimension ethnique, cela ne devait pas justifier une rébellion armée, que l’on ne doit pas tomber dans le situation qui déchire certains pays voisins. Parfois, on me dit même « qu’il faut faire pardon ». Les Burkinabés sont très fiers de la stabilité politique de leur pays, même si l’état de leur démocratie et la manière dont leur président est arrivé au pouvoir il y a plus de vingt ans de cela sont très contestables. Les politiques de décentralisation, influencées par la Banque mondiale, ont permis de mieux répartir l’action du gouvernement dans l’ensemble du pays. Toutefois, je ne suis pas surpris de savoir qu’actuellement, les conflits au Ghana se situent dans le Nord où le niveau de développement est vraiment bas en comparaison de celui du Sud. Dans le Nord, l’électricité et les systèmes réticulaires d’eau potable se font rares, les maisons en banco sont encore légion, les routes sont presque toutes en terre, les familles sont très nombreuses, beaucoup d’enfants ont des ventres enflés, et j’en passe, alors que dans le Sud le portrait est différent. Plusieurs facteurs expliquent ces écarts de développement, le placement des capitales, la proximité de la mer, le climat, la richesse du sous-sol, les tendances culturelles, mais ce qui est sûr, c’est que cette division frontalière ethniquement injuste ne favorise pas la bonne entente en Afrique. Le développement d’un réel esprit patriote (dans la mesure où l’on considère la patrie dans les limites politiques des frontières actuelles), panafricain ou humaniste est essentiel afin d’éviter des affrontements ethniques. Or, l’Afrique en est encore à ses débuts en matière d’aventures nationalistes, et plusieurs Africains se sentent plus proche de leur ethnie que de leur pays, surtout lorsqu’on sort des villes. Dans bien des cas, l’identité se définit plus par affinité culturelle que par son affirmation nationale. La Nation représente pour plusieurs beaucoup plus l’espace politique où l’on vient se disputer les bénéfices du pouvoir, dont font partie les revenus de la coopération intergouvernementale ou multinationale, ou des taxes de l’exploitation des ressources naturelles, dans une ambiance de bonne entente quand c’est possible. D’autres éléments rassembleurs sont présents. Un d’entre eux est sans doute l’équipe de football qui permet aux adorateurs du sport de crier haut et fort leur appartenance à leur nation. Peu importe leur appartenance ethnique, les supporteurs d'une équipe de foot se rangeront derrière leur équipe nationale sans hésitation lorsque vient de le temps de la Coupe d'Afrique des Nations (remarquez tout de suite la référence au nationalisme), ou la Coupe du Monde. Les langues des ethnies majoritaires ont aussi un réel effet intégrateur, et ce malgré l’aspect la dimension dominatrice inhérente à ce phénomène. Par exemple, un Gourounsi (ethnie de ma belle-mère) de Bolgatanga, ville au Nord du Ghana, préférera apprendre le Twi (langue du groupe Akan du Ghana) et aller travailler à Kumasi et Accra, plutôt que d’aller à Ouagadougou qui est pourtant plus proche, où il aurait plus de chances de trouver des frères gourounsis, car ces derniers sont plus nombreux au Burkina Faso. Cela s’explique en partie par le fait surtout que le Twi s’est tranquillement imposé dans leur ville notamment par la présence de l’Administration où plusieurs fonctionnaires du groupe Akan montrent le Twi comme la langue des dirigeants en plus de parler anglais. Il faut dire qu’à Accra, la capitale, ou Kumasi, la seconde ville, la langue de communication principale est le Twi, et que l’exode rural à des fins purement économiques est encore très présent comme j’ai pu le constater en parlant à maints Ghanéens venant du Nord du pays jusqu’à Accra ou Kumasi. Notre Gurunsi aura donc plusieurs bonnes raisons d’apprendre le Twi. Il reste qu’à Accra et Kumasi, les migrants du Nord ont tendance à se rassembler dans des ghettos. Phénomène intéressant, le quartier d’Asawase à Kumasi, constitué de groupes ethniques du Nord du pays : Gurunsis, Bimobas, Talins, Walés, Dagbanis, Gonjas, à forte majorité musulmane, est le plus pauvre de la ville, et a vu le Haoussa, venant du Nigéria et du Niger, s’imposer comme langue d’échange en plus du Twi. Donc, notre Gurunsi, s’il migre vers Asawase, et s’il veut avoir tous les atouts de la communication à ses côtés, il doit connaître, en plus de sa ou ses langues natales, le twi, l’haoussa et l’anglais. Cette dimension polyglotte typique de l’Afrique n’est pas si surprenante vu le nombre impressionnant de langues toujours vivantes dans chaque pays. J’aborderai une autre fois le problème du placement des capitales africaines qui lui aussi est assez particulier car évidemment celles-ci ont été mises en places par des Européens et ont participé largement à définir les zones stratégiques économiques des pays Africains. Les divisions frontalières ne sont toujours pas claires dans le vieux continent. Par exemple, la frontière Burkina-Niger, au niveau de la route Ouagadougou-Niamey, se caractérise par une zone tampon, un no man’s land de 20 kilomètres de large, et dont les prétentions territoriales des pays ont empêché la définition exacte. Donc, après avoir traversé les postes frontaliers Burkinabés (police, douane et gendarmerie), il faut parcourir cette distance avant d’apercevoir les postes nigériens. Du côté de la frontière Burkina-Bénin, on voit encore la même chose car de petits conflits armés sont survenus à plusieurs reprises dans les dernières décennies. Et dans le cas de la frontière Burkina-Mali, une petite guerre a même été menée dans les années 80 à cause de prétentions frontalières. Ce genre de phénomène, à petite et parfois à grande échelle, est généralisé en Afrique. Par exemple, le cas de la République Démocratique du Congo (RDC), que je ne connais pas suffisamment bien, peut inspirer la rédaction de plusieurs livres tellement ses conflits frontaliers ont été nombreux et sanglants. Tout récemment, le Ghana a découvert un important gisement de pétrole au large d’une mince bande de terre qui lui appartient, mais qui, lorsqu’on l’observe sur une carte géographique, s’enfonce au sein de la côte ivoirienne. Le fait que cette zone côtière soit surtout peuplée de Fantis ne changera absolument rien au fait que la Côte d’Ivoire vient d’annoncer qu’elle revendique la propriété de l’or noir qui se trouve au large des côtes ghanéennes frontalières. Je ne serais pas surpris de savoir que les réserves souterraines se situent aussi dans les eaux territoriales de la Côte d’Ivoire. J’espère seulement que les parties trouveront une solution pacifique ou que la Côte d’Ivoire ne rende pas cette affaire conflictuelle comme ce fut le cas pour de l’île de Bakassi qui causa des altercations entre le Nigéria et du Cameroun depuis le temps des indépendances. Les réserves pétrolières récemment découvertes sont évaluées à 1,8 milliards de barils, c’est-à-dire suffisantes pour exciter l’appétit du gouvernement voisin.

mardi 9 mars 2010

Les changements climatiques au Ghana

Mon homologue, Millicent Akoto, coordonnatrice de Pamoja Ghana, me disait avec malheur et nostalgie qu'auparavant, au Ghana, il y avait une saison, quand elle avait à peine dix ans, où il fallait mettre un chandail car il faisait bien frais. Hélas, aujourd'hui cette époque est révolue. Il fait trop chaud tout l'année... Je viens de commencer hier à faire de la bourbouille, des centaines de mini points de chaleurs rouges poussent sur mon épiderme, et ça pique!

Femmes à barbe...

Voici un trait culturel intéressant du Ghana. Plusieurs femmes ghanéennes, dans la trentaine et en allant au-delà, se laissent pousser la barbe. J’ai questionné quelques connaissances pour connaître les fondements de cette particularité de la gente féminine ghanéenne et personne n’a pu me répondre jusqu’à maintenant. Il ne s’agit par ailleurs jamais d’une grande barbe touffue, mais plutôt de quelques grands poils frisés pendant au menton ou au cou… Personnellement, je ne trouve pas cela du tout charmant, mais ça me rappelle une fois de plus que tous les goûts sont dans la nature! Les deux dernières semaines de février j’étais en mission exploratoire sur le terrain, surtout dans le Nord du Ghana, pour rencontrer les organisations membres de Pamoja-Ghana, l’organisme pour lequel je travaille. J’ai donc beaucoup de choses à raconter à ce propos, mais j’attends d’avoir terminé mon analyse de données avant de vous en donner quelques nouvelles! (j’ai la photo d’une femme à barbe, qui est reine-mère d’un des quartiers d’Accra, mais je n’ose pas l’envoyer…… je ne suis pas sûr qu’elle serait d’accord avec la chose, désolé!)

mercredi 3 mars 2010

Le jardin des merveilles de Mampong

Le week-end du 13 et 14 février, Christelle, Rosalie et moi avons été invités par Alison, amie de Destin, qui voulait ouvrir un orphelinat au Ghana. Elle a changé d’idée voyant que la région du Sud Ghana ne présente pas autant de besoins urgents que la zone de la steppe arbustive et du Sahel (Nord du Ghana, Burkina Faso, Mali, etc.), la nature étant plus généreuse dans les zones tropicales. Destin, elle et moi en sommes par ailleurs venu au point que le concept d’orphelinat en Afrique, surtout en zone rurale où le tissu social familial est toujours très fort, n’avait pas sa place car les enfants ont toujours un oncle ou une tante, proche ou loin, chez qui aboutir. Le problème reste cependant que ces enfants ne jouissent rarement des mêmes privilèges que ceux qui sont accordés aux enfants directs du tonton ou de la tanti en question. L’alternative possible devient alors le refuge diurne où les enfants des familles les plus défavorisées reçoivent des repas équilibrés et une éducation spécialisée. Mais encore faut-il faire attention que le gestionnaire du projet ne plogue pas tous les enfants de sa propre famille élargie comme ce fut le cas dans l’orphelinat d’Alison au Burkina Faso, mais aussi dans l’orphelinat de Fada qui avait fermé ses portes en 2007, suite à des accusées fondées de pédophilie. Bref, Alison semble avoir laissé de côté son idée d’orphelinat à Mampong au Ghana où elle avait pourtant d’intéressants contacts. C’est justement chez ces intéressants contacts qu’elle nous a invités. La fille métisse d’un riche comptable hollandais et d’une ghanéenne, décédés l’an passé, fait partie du conseil d’administration de l’organisation d’Alison, et lui a gentiment prêté la maison familiale pour sa mission. Cette dernière ayant été abandonnée après quelques pourparlers avec les gens de liés à l’action sociale de Mampong, Alison se trouva avec plus de temps libre et nous invita dans ce palace digne des songes tropicaux les plus fous. Une somptueuse maison bien entretenue, sur le dessus d’une colline dans la jungle, à l’extrémité du village de Mampong, à quelques dizaines de kilomètres d’Accra dans les montagnes d’Akwapim. Mais surtout, autour de la maison, un terrain-jardin gigantesque, savamment planifié et patiemment travaillé, où poussent mille et une plantes tropicales. Des arbres titanesques complètement recouverts de plantes parasites, des espèces tropicales que l’on retrouve chez nous mais cette fois-ci en taille réelle, (c’est-à-dire plus grandes que moi), ainsi que fleurs rares aux parfums subtils. En empruntant un chemin de montagne tout à fait simple et anodin, rocailleux et en mauvais état, on arrive dans la propriété richissime où se trouvent plusieurs étangs piscicoles, la plus grande piscine ronde que j’ai vue, maints petits lieux de médiation en pierre taillée disséminés sur le terrain, des arbres que je n’avais jamais vus, des cactus plus grands que jamais, des arbres fruitiers à profusion, et j’en passe. Dès notre arrivée, Rosalie, Christelle et moi furent instantanément charmés et apaisés des âpretés de la vie. Je me croyais momentanément au jardin d’Alamut car nos sens furent stimulés à l'extrême et nous connurent l’extase devant l’explosion végétale de la nature dans toute sa splendeur. J'ai joint quelques photos pour vous donner un aperçu de la merveille, tout en sachant qu'elles ne traduiront jamais qu'en partie sa beauté. Christelle Rosalie entre deux magnifiques fleurs-soeurs Alison faisant la salutation au soleil dans le jardin Fleur unique de l'arbre de la mort, sous lequel repose le couple fondateur du domaine. Fleur Black-cat.... grande, majestueuse, noire.... absolument incroyable Fleur pendante de plus d'un pied de long....

vendredi 12 février 2010

Circuler à moto est un réel enfer à cause du trafic, de la chaleur, de la poussière, et de la circulation des trotros et taxis. Toutefois, l'exercice peut aussi être vu comme une activité fort ludique, surtout si on décide de s'imaginer être dans un jeu vidéo. Les voitures, majoritaires, respectent un certain ordre, bah pas parfait, mais y'a personne de parfait de toutes façons! Je respecte leurs conducteurs car ils sont quand même assez patients face au trafic qui est omniprésent. Les plus gros problèmes sont les taxis, ça c'est universel, donc nous ne sommes pas surpris ici, et les "Trotros", ces minivans complètement transformées en mini-bus. Les taxis klaxonnent en moyenne une fois aux dix secondes dans le centre-ville car ils veulent attirer l'attention des passants, et cela est particulièrement vrai lorsqu'ils me voient marcher sur le bord de la chaussée, portefeuille blanc à pattes. Les trotros eux, cherchent à être le plus efficients possibles, car le prix de la course est très bas, entre 20 et 60 cedis (15 et 45 cents). Le trotro, boîte de sardines géante ou s'entasse jusqu'à 18 passagers, va et vient du centre vers le coté de la route en louvoyant comme un chauffeur ivre, cherchant à engloutir les passagers sur la route ou les déglutir le plus rapidement possible. Cependant, les chauffeurs de trotros sont des pros et ne sont pas ivres du tout, mais ils n'ont pas temps à perdre. J'ai remarqué que si les motocyclettes dépassaient allègrement tous les véhicules dans le trafic en filant sur les lignes blanches, ils ne dépassaient jamais par l'extrème droite, et se tenaient plus tranquille lorsqu'ils y avaient beaucoup de trotros. Je reviens d'un 4 heures de conduite dans le centre d'Accra à faire des courses pour ma mission de la semaine prochaine et je dois dire que ça m'a bien plu. Vendredi après-midi c'est congé dans bien des bureaux et tout le monde a l'air joyeux, plusieurs m'ont par ailleurs salué ou souri gratuitement comme ça sur la rue, peut-être un peu surpris de voir un blanc-bec se faufiler dans le trafic avec sa moto bleue comme un spermatozoïde nain en quête de l'ovule face à ses compétiteurs de tailles réelle! Plus c'est petit, mieux ça passe, mais quand un gros arrive tasse-toi!

jeudi 11 février 2010

Transes protestantes

C'est vers 1h30 du matin à Accra, pas trop loin du Arts Center, en sortant avec Destin Jah Bushman d'un joyeux et très joli bar de rasta encastré dans la falaise sur le bord de la mer, l'endroit évidemment enrobé d'une fumée verte appropriée, que je vis une chose tout à fait hors de l'ordinaire. Plusieurs milliers de fidèles protestants, débordant d'une église manifestement trop petite pour la cérémonie qui se déroulait sous nos yeux, entourée d'écrans géants montrant les pasteurs au centre de la scène, vivaient une danse/transe profonde. L'atmosphère rappelant d'une manière les "raves" de chez nous, des colonnes de sons crachaient des prières amplifiées avec un maximum de distorsion et de réverbération de telle manière qu'on ne puisse rien y saisir d'intelligible. Des croyants par milliers tremblaient aux vibrations tonitruantes d'un rythme très rapide rappelant le style "gabber" européen. Certains levaient leurs bras machinalement, d'autres faisaient trembler leur partenaires, tout un chacun avait sa propre figure d'expression, mais toujours carrément hors de l'ordinaire, et laissez-moi vous dire que j'en ai vu de toutes les couleurs. Le cadre qui s'offrait à mes yeux ne pouvait se situer dans une Afrique traditionnelle mais me faisait plutôt à un film de science-fiction africaine. Tous les gens y étaient habillés bien chics et des voitures luxueuses se plaçaient à l'entrée. J'ai eu peur à un certain moment quand plusieurs ont remarqué ma présence car, évidemment j'étais le seul blanc dans cette multitude, et je sentait que les la foule n'avait plus tout à fait son esprit et que tout pouvait arriver. Heureusement, après ce qui m'a paru une heure sans pause, le "son" a été arrêté, et un pasteur est venu lancer des messages d'amour et de paix à tous. Les adorateurs ont crié leur joie de vivre, et j'ai pu ensuite poser des questions à mon voisins pour savoir qu'est ce qu'il se passait. Parait-il que tous les week-end, des gens de toutes appartenances protestantes viennent ici toute la nuit pour y vivre la transe profonde émanant d'une foi manifeste et très vivante. Destin m'attendait patiemment, lui aussi profondément troublé par cette scène, mais ne désirant pas du tout y assister.

vendredi 5 février 2010

Salutations, Tout se passe bien ici. Rosalie est là. Christelle sa cousine est aussi avec nous et nous formons une petite famille tranquille. Rosalie a commencé ses cours d'anglais cette semaine, cours qu'elle semble vraiment apprécier, tandis que Christelle, qui est malheureusement analphabète, commencera des cours privés que je lui ai offerts dès la semaine prochaine. Difficile pour une fille de 15 ans qui ne parle ni anglais ni la langue locale (le Twi, prononcer tchoui, clin d'œil à Tchae) de suivre des cours d'alphabétisation en anglais. Mais la petite, qui a vécu jusqu'à 10 ans à Abidjan en Côte-d'Ivoire, et ses dernières 5 années au Burkina, parle déjà 4 langues (Français, Mooré, Gurunsi de Réo, Gurunsi de Léo, les deux dernières étant supposément très différentes) donc ça devrait lui faciliter la tâche (en fait je ne sais pas, étant un peu nul sur le sujet des processus d'apprentissage, peut-être que ça va embrouiller son cerveau encore plus?). Elle ne connait pas trop son père. Sa mère, parce que son nouveau mari n'aime pas Christelle, l'a envoyée chez ma belle-mère. Claire, ma belle-mère l'a envoyée chez nous pour nous aider à tenir la maison comme le veut la coutume. Plus précisément, on envoie généralement une jeune fille de la famille appuyer les jeunes couples qui n'ont pas encore d'enfants ou dont les enfants sont encore très jeunes. Elle est maintenant chez nous à Accra. Elle nous donne une sacré coup de main pour le ménage et j'en suis très content. Elle m'a dit qu'elle aimerait apprendre à faire la coiffure, et j'ai donc commencé également à lui chercher un lieu où elle pourrait apprendre (et mettre en pratique ses apprentissage d'anglais, et apprendre peut-être le Twi en même temps......... car la coiffure est un art plutôt populaire pour les femmes qui ne sont pas allées trop loin à l'école). Christelle, comme Rosalie, a l'esprit ouvert, et a mangé avec joie ma soupe de nouilles et poisson à l'orientale, le confit de Canard que mes parents avaient rapporté de France, mes steaks de T-Bone barbecue à la sauce poivrée. Ça me soulage! Par ailleurs, ma soupe je l'ai faite avec un immense poisson, très joli, de 5 kilos acheté au havre de pêcheurs d'Accra samedi passé. Personne ne peut me dire son nom en anglais, mais en Twi c'est du G'Ban. Sa chair, au goût succulent, est rouge foncée et est très ferme. Son goût est prononcé mais pas du tout envahissant. La femme qui me l'a vendue, épouse du pêcheur qui l'a pêché le jour même, m'a dit que ce poisson était très rare et que sa chair était comme celle de la viande de boeuf, j'ai bien hâte de le tester en barbecue ce week-end car le poisson, long comme mon bras, a été divisé en six portions! Il y a entre autres mon ami Destin Jah Bushman, rastaman chanteur de reggae, qui est arrivé de Ouaga mardi matin avec une enseignante à la retraite originaire de Montréal. Ils sont restés deux jours chez nous. Elle partait aujourd'hui à Koforidua pour tâter le terrain afin d'y monter seule un projet d'orphelinat. Elle avait démarré un tel projet au Burkina depuis deux ans, avec une volonté sincère d'aider les enfants de la ville de Gaoua au Sud-Ouest, mais son œuvre a échoué, fondamentalement mal planifiée. Le directeur de l'orphelinat s'est révélé être un détourneur de fonds maladif, agressif, se promenant constamment avec un fouet dans l'orphelinat. Elle n'avait pas mis sur place de structure associative pour contrôler le projet. Elle n'a pas pu donc le licencier et a simplement coupé les fonds, et les enfants se sont dispersés (ou sont rentrés dans leur famille car l'orphelinat en Afrique ne ne correspond pas au même concept auquel nous sommes habitués, il accueille surtout les enfants des familles très démunies). Je commence à avoir une certaine expérience en matière de conception de projets et je le lui ai prodigué maints bons conseils et je lui ai proposé d'aller la rejoindre à Koforidua le Week-end prochain. Elle a bien apprécié et m'a fortement convié à venir l'appuyer. Destin Jah Bushman restera jusqu'à lundi ou il reprendra le car pour Ouaga, nous passerons le week-end ensemble, je pense l'amener à un bar reggae qui, paraît-il, est vraiment animé sur le bord de la plage a coté du Arts center de Accra. Destin, qui pratique aussi le commerce de l'artisanat burkinabè, est venu vendre un lot de statues de bronze et un lot de statues d'ébène; ses objets sont réellement jolis et il a bien conclu ses ventes si j'ai bien compris. Cette semaine je donnais un cours de conception de sites web avec le système de gestion de contenu web Joomla à un des employés de Pamoja. Richard, l'élève en question, est très sympathique et apprend très vite, ce qui me rend heureux car je sens que j'accomplis vraiment ma mission. Il y a toutefois un fait très intéressant le concernant : Richard est juif. Interrogeant plusieurs connaissances, je me rend compte qu'il y un réel mouvement juif naissant au Ghana. Moi qui croyais qu'il fallait sortir du ventre d'une juive pour faire partie de la gang! Je lui ai quand même posé une kyrielle de questions et son judaïsme qui me parait fortement trafiqué (mais je ne m'y connais pas bien en la matière) est très tolérant et élastique et surtout beaucoup plus inclusif. Richard me dit que sa communauté juive ghanéenne est en lien avec un mouvement israélien dont j'ai oublié le nom. Il m'a rassuré quand il m'a dit qu'il ne croyait pas les juifs doivent conquérir la terre promise sur toute sa grandeur afin de provoquer l'arrivée du messie et réaliser ainsi la prophétie ultime. Je l'ai surpris avec des pages de la kabbale, et il m'a avoué que l'aspect antique du judaïsme et sa dimension fondatrice des "peuples du livre" l'ont hautement mystifié. Si tout se passe bien, je partirai en mission dans une dizaine de jours, et ce pour deux semaines, dans sept des dix régions du Ghana, aller rencontrer les membres les plus importants de Pamoja afin de connaître leurs besoins en matière de formation pour leurs employés. Ce voyage a aussi pour but de ramasser une foule d'informations sur les organisations en question pour monter une base de données sur les membres de Pamoja. J'y sonderai aussi leurs intérêts et besoins pour un éventuel projet de création de centres d'apprentissage de métiers à des filles et des jeunes femmes analphabètes. Pamoja, le "réseau" avec lequel je travaille est spécialisé dans les méthodes d'apprentissage innovantes pour les analphabètes, alors que WUSC, l'ONG canadienne qui m'a envoyé au Ghana, se spécialise au Ghana dans tout ce qui touche à l'éducation des filles. Ce projet pourrait donc, par ma seule présence, renforcer leur partenariat, du moins c'est ce que je vise! Je dois rentrer à la maison car le soleil commence à descendre sérieusement et je n'aime pas rouler dans le trafic la nuit! Dji